On les nomme bergeronnettes parce qu'elles aiment l'eau et qu'elles raffolent des berges des rivières. Bergeronnettes car, grises, printanières ou des ruisseaux, fragiles mais infatigables bergères, elles accompagnent le bétail qui broute dans le pré.
On les appelle lavandières, parce qu'elles élisaient domiciles près des lavoirs et que c'était un plaisir, aux premiers beaux jours, au moment des grandes lessives, de les voir sautiller sur les pierres mouillées et se percher sur la margelle du puits.
On les qualifie de hochequeues, parce qu'elles hochent la queue. On dirait qu'elles battent la mesure. Sans cesse.
Elles sont de retour. Elles ont passé les mois d'hiver en Afrique du Nord ou dans les pays de l'Europe méridionale.
En voici deux. Elles ont retrouvé les pâturages humides et verts qu'elles avaient quittés l'année précédente. Aujourd'hui, elles suivent la progression du troupeau comme, autrefois, elles suivaient le laboureur ou le glaneur. Toujours en alerte, dans l'herbe poudrée de pâquerettes, elles picorent les insectes et les petits invertébrés dérangés par les sabots des vaches.
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Après leur huitième année, aux premiers souffles du printemps, les anguilles s'extraient des nuits boueuses de l'hiver et prennent congé des eaux qu'elles ont envahies des années auparavant. Dotées d'une ancestrale énergie elles descendent les rivières et, se fiant à leur mémoire ou à la mémoire de l'eau, elles prennent le chemin du retour. Ou de l'aller. Le même.
C'est la période de l'avalaison : la vie est en aval. Dans toutes les mares, dans tous les étangs, dans toutes les rivières, du lac le plus septentrional de l'Europe au détroit de Gibraltar, zone par zone, pays par pays, région par région, dans tous les cours d'eau, le grand signal est passé.
L'été s'installe. La nuit tombe. Le vent se lève. L'orage menace. Dans le ciel d'encre, le tonnerre gronde. Une averse brutale et blanche dégringole. Le temps d'un éclair, le filet d'eau se transforme en torrent. Les anguilles se mettent en boules. Comme des balles de caoutchouc, elles dévalent dans le courant. Les voilà parties.
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Deux notes suffirent à Beethoven pour évoquer le printemps dans la Symphonie Pastorale. Avec le hautbois, la caille carcaille et répond au coucou qui vibre par l'anche de la clarinette. La nature s'éveille et le chant de l'invisible oiseau n'est plus qu'un rêve sonore. Pourtant, le chant se prolonge et devient un cri amoureux. L'appel redouble. Une troisième syllabe s'alanguit. Le mâle, au plumage gris, hèle la femelle. On n'entendra que leurs voix. On ne les verra jamais. Ils ont élu domicile, loin de la lisière du bois, au sommet de la colline, là-bas.
Étranges oiseaux que ces cuculus ! La femelle se pose sur la plus haute branche de l'éminence. De son perchoir, elle ressemble à l'épervier qui guette une proie. En réalité, elle dresse un état des lieux des domiciles et des couvées de tous les passereaux qui se trouvent sur son territoire. Elle choisit un nid et, dans la volée, évalue les qualités des futurs parents adoptifs. Son choix effectué, après avoir maintes fois pesé le pour et le contre - ce troglodyte me paraît bien agité comparé à la bonhomie de ce rouge-gorge -, elle attend que les parents oiseaux aillent faire leurs courses.
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