Le corps le sang la rage, Elsa Vallot, éditions Littératures

Et comme elle semble lire tes blessures avec un certain respect, tu voudrais que le monde entier l'imite, que le monde entier voie comme ton corps a été souillé pour faire la loi et comme il dégouline encore de vie. Qu'ils se la prennent en pleine tronche, ta vie fracassante, ta vie plus forte que leurs lois, et qu'ils voient que tu existes, ici, dans la beauté et la fierté, en position de combat. Et que plus personne ne tente de faire disparaître des morceaux de ta peau, que plus personne ne regarde ailleurs que vers ton corps marqué par la lutte, ton corps bruyant de colère. A eux l'obscurité, à toi l'éclat. D'un côté, la violence de la police et des lois. De l'autre, la force de la boxe. Avec l'humilité et le courage de ceux qu'on a cherché à meurtrir, un corps se déploie peu à peu envers et contre le monde qui le contraint.