Joug

Les foires étaient au Moyen Age un moteur économique important et des lieux de forte sociabilité ; à Montesquiou il en existait jadis trois différentes mais sa foire aux bestiaux avait déjà grande réputation à la fin du XIIIe s.

Initialement implantée sur le « mercadiou », au pied sud du château, elle s’établira à la Garenne en 1538 pour s’y tenir durant quatre siècles encore.
On n’en sait pas plus sur cet évènement commercial d’alors et on doit faire un grand bond dans l’histoire pour découvrir, avec l’érudit local Cyprien Lacave Laplagne Barris, la situation au milieu du XIXe s., lorsque le village atteint son apogée démographique avec plus de 2 000 habitants : les affaires y atteignent un chiffre considérable et  « les gens du fond du Languedoc et de la Bigorre s’y rencontrent chaque année en grand nombre ».

La foire se tenait en deux temps : d’abord le marché des bêtes à laine le 21 juillet dans la soirée, la nuit et la matinée du 22 ; ensuite, le 22 juillet (jour de la Sainte Madeleine) vers midi, le marché au bétail. On pouvait y voir jusqu’à 5 ou 6 000 têtes, tous animaux confondus. Nombre de bovins vendus repartaient par voie ferrée via la gare de Mirande et plus tard par celle de L’Ile-de-Noé.

Entre les deux guerres, quelque 1 000 à 2 000 bovins y étaient présentés contre 500 à 800 pour les autres foires des environs qui  avaient lieu entre fin juillet et fin septembre.

Grâce aux écrits d’un autre témoin capital, André Duffar, fils d’un des plus gros maquignons gersois de l’époque, nous connaissons en détail le fonctionnement de cette foire juste avant la Seconde Guerre mondiale.

Le cheptel bovin du Gers était alors essentiellement composé d’animaux de race Gasconne au sein de laquelle dominait grandement la race Mirandaise. On achetait ces « tracteurs des temps anciens » qu’étaient les « Gasconnes aréolées »  (200 000 dans le département au sortir de la Seconde Guerre mondiale) : des animaux charpentés pour le labour (à 2 ou 3 paires) et la traction animale (jusqu’à 4 paires) dont la viande était de surcroît appréciée en boucherie.

Vers 1950, la mécanisation va réduire jusqu’à quasi-disparition cette vieille race Mirandaise, remplacée par des races laitières ou à viande. La Mirandaise finira par devenir une « race en conservation » que de gros efforts d’une poignée d’éleveurs déterminés a ramenée aujourd’hui à 600 femelles, dans un contexte sociétal nouveau où les consommateurs exigent éthique de production, respect de l’environnement, proximité, traçabilité et circuit court : justement la pratique de ces éleveurs-là.

Henri Calhiol
(Société archéologique et historique du Gers)